Je commence par réaliser 3 portraits – Jésus est condamné à mort au milieu de malfaiteurs. Première chose à faire, aller au récit mentionné dans les évangiles, l’histoire du bon et du mauvais larron (Lc 23, 40).
Sur le tableau je veux positionner le décor : Cette scène se passe à Jérusalem. Comment signifier le lieu ?
Il me vient une idée : trouver à quel moment la commémoration du chemin de croix est apparue dans l’Église ?
Au 13ème siècle les croisés reconquièrent Jérusalem après l’invasion des musulmans. Les franciscains sont en Terre sainte depuis 1220 et fondent en 1342, la Custodie de Terre sainte (institution catholique responsable des intérêts de l’Église catholique en terre sainte). Entre ces deux dates, suivant eux-mêmes le rite traditionnel en usage dans l’église orthodoxe locale, ils le transposent progressivement dans leur église en Italie. Les chemins de croix ont été crées sous le pape Clément XII en 1731 dans les autres églises. Je choisis donc de symboliser Jérusalem par des émaux entiers, bordeaux et oranges, positionnés en losange comme sur les fenêtres des nobles dans les châteaux du Moyen-âge.
Autre chose me tient à cœur : la fête des Rameaux qui est une période joyeuse. Elle précède la Semaine Sainte de la Passion du Christ. Pourquoi ne pas la prolonger en faisant apparaître des feuilles vertes symbolisant les Rameaux dans tous les tableaux, en signe d’espérance ?
J’ai aussi envie de représenter le ciel en mouvement, histoire de montrer que Dieu (au Ciel) n’est pas indifférent à ce qui se passe sur terre.
J’aimerai que les expressions des visages correspondent à ce que je veux en dire : Je choisis de faire un Jésus qui regarde devant lui, un mauvais larron qui tourne la tête et refuse la vérité et un bon larron lucide et plein de confiance.
Le regard de Jésus me pose problème dès le début. Les yeux que je représente sont tellement gros qu’ils semblent sortir de leur orbite. Je dois retailler. Maintenant ils font mesquin. Je décide de mettre de côté cette difficulté et de me concentrer sur le visage du mauvais larron. Je me régale à faire sa chevelure qui n’en finit pas. Il représente l’homme de la Tradition du peuple du Livre (sur la gauche du tableau, la barbe longue, le scheik sur la tête).
Dans le tableau du Père Marko l’œil gauche de Jésus est mêlé avec l’œil droit du bon larron. Je préfère les laisser séparer même si je comprends que l’artiste a voulu montrer le lien important des deux personnages puisque Jésus annonce au bon larron qu’aujourd’hui même il sera en paradis avec lui. Moi, je préfère que le Christ regarde en face, comme s’il se parlait à lui-même et qu’il se disait : « Ça y est, me voilà au cœur du sujet » et qu’il se concentrait sur ce qui l’attend.
Le bon larron représente les païens, mais aussi les étrangers (coupe de cheveux à la romaine).